Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/343

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Alors les pâles multitudes
Qu'attend je sépulcre béant,
Prennent toutes les attitudes
De la fumée et du néant. -
Une horrible;nuit acharnée
Couvre l'âme, la destinée, -
Les pas, les fronts, les coeurs, les yeux;
La foule dort,-boit, mange, ignore,.
Rampe, chante et rit'; et l'aurore
Refuse de monter aux cieux.

Voyant qué l'homme n'a plus d'aile,
La femme pleure son affront,-
Et pour le fils qui naîtra d'elle
Se sent de la rougeur au front.
Alors, penseur, c'est l'heure trouble,
Lutte! que ton effort redouble,
Montre l'idée et le ciel bleu
A l'homme qui, n'osant plus croire,
Voit l'avenir vide de, gloire -
Et l'univers vide de Dieu.

Quand ton siècle aux basses prudences,
Décroît, toi, marche à pas plus francs!
Surgis! c'est dans les décadences
Que les grands.hommes sont plus grands.
 
C'est surtout parmi les décombres
Qué les hautes colonnes sombres,
Dépassant tout; dominant tout,
Belles dans les débris difformes,
Gisantes, paraissent énormes,:
Et semblent sublimes, debout!

V. H. IO juin 1870.