Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/324

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IX À UN ROI DE TROISIÈME ORDRE



Roi, tu m'as expulsé, me dit-on. Peu m'importe.
De plus, un acarus, dans un journal cloporte,
M'outrage de ta part et de la part du ciel;
Affront royal qui bave en style officiel.
Je ne te réponds pas. J'ai cette impolitesse.
Vois-tu, roi, ce n'est pas grand'chose qu'une altesse.
Ton journaliste et toi, je vous ignore, étant
Fort occupé des fleurs que Dieu dans cet instant
Nous prodigue, et voulant fêter le mois des roses.
D'ailleurs, je ne crois pas que les grands sphinx moroses,
Ni que le sombre écueil hanté par l'alcyon,
Fassent dans l'infini beaucoup d'attention
Les uns au grain de sable et l'autre au jet d'écume.
Qu'un courtisan insulte et qu'un lampion fume,
C'est tout simple; un rêveur n'en est point irrité;
C'est pourquoi je suis calme envers ta majesté.
Tu peux tranquillement décorer ton bourgmestre.
Par la grâce du Dieu que protège de Maistre,
Tu règnes, et ton scribe écrit. Vivez en paix.

J'erre, fauve chasseur, dans les halliers épais;
J'écoute l'aboiement d'une meute idéale;
Je tiens à la grandeur de la bête royale;
Et j'aime à rencontrer de fiers êtres méchants
Afin de rassurer le monde avec mes chants;
 
Je ne suis pas fâché quand des lions m'attaquent;
Des monstres, légions rugissantes, me traquent,