Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XXXVII POUR L’ÉCRIVAIN VÉNAL…


Pour l’écrivain vénal il est un dur moment.
Après avoir tiré de son encre qui ment
Tout ce qu’elle contient de noirceur et de bave,
Après avoir été l’affreuse plume esclave,
Après avoir haï pour le compte d’autrui,
Soudain cet homme un jour sent que, venant de lui,
L’injure est un éloge et la louange un blâme,
Et qu’il ne peut plus nuire à force d’être infame.
Quand il est démontré, prouvé, public, patent
Qu’on a livré son âme èt qu’on a reçu tant,
Qu’on est prostitué par brevet authentique,
Qu’au trottoir du chantage. on a tenu boutique,
Qu’on s’est fait insulteur, moyennant un loyer,
Qu’on est allé chez ceux. qui peuvent bien payer
Vendre de l’imposture et de la calomnie,
Qu’on a, pour de l’argént, outragé le génie,
La probité, le droit, le courage, l’honneur,
On est mieux ’qu’assassin, on est émpoisonneur ;
On est moins qu’un bandit des bois, on est un drôle ;

L’or aux mains flétrit plus que lè fer sur l’épaule.

Altwies, 18 septembre [1871].

</pre<
== XXXVIII Qu’il vienne des coquins==
<poem>