Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/148

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Partout où vous planez surgit la délivrancé,
Vous n’êtes plus la Guerre et vous vous nommez France.
Le bruit d’ailes s’éloigne. Ils s’en vont.

On dirait
Que le ciel tout à coup devient une forêt.
Dieu ! quelle chute brusque et sombre de ténèbres !
Sous l’épaississement des silences funèbres,
Tout s’efface, et l’espace obscur se refroidit ;
L’horizon misérable et morne a l’air maudit ;
Des lueurs qui brillaient meurent l’une après l’autre ;
De ces langues de feu qui tombaient sur l’apôtre,
A peine’en flotte-t-il quelques-unes, au fond
D’une-ombre où nul ne voit ce que les peuples font ;
Toute la terré a pris l’aspect visionnaire ;
Et dans cette noirceur roule un vague tonnerre.
Le paysage horrible est pestilentiel ;
Chacun des quatré vents ; aux quatre coins du ciel,
Prononce un mot sinistre, et, comme dans un rêve,
On entend sur les monts, sur la mer, sur la ’grève,
Cette clameur : Hélas ! Puebla ! puis ce glas :
Hélas ! Mentana ! puis ces cris : Aubin ! Hélas !
Hélas ! Ricarnarie ! Hélas ! Un sombre dôme
Reluit ; c’est Rome, à moins que ce ne soit Sodome.
Des silhouettes sont à terre, et c’est épars,
Nu, terrible, et le sang fume de toutes parts ;
On’ entend un tumulte ailé qui se rapproche ;
Et dans l’ombre, ici, là, sous l’arbre, sous la roche,
Dans les villes, au fond des bois, au pied des tours,
Partout, on voit des morts…

D’où venez-vous, vautours ?

H. H., décembre.

LV Et voilà dix-sept ans