Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/358

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Toujours sur cette mer sauvage
La gloire à l’horizon montre son beau rivage,
Son beau port, sans récifs, sans écueils meurtriers,
Son soleil arrêté dans son ciel sans nuage,
Et ses temples dans des lauriers.

Alors on rame, on vogue, et pour dompter la lame,
Vers l’île rayonnante on laisse fuir son âme,
On s’épuise, on aspire à l’aile des oiseaux,
On ouvre toute voile, on saisit toute rame,
On remue et l’air et les-eaux!

La nuit, à l’horizon on la voit nébuleuse,
On vogue, le jour vient, et sur la mer houleuse,
Reparaît l’île heureuse et son riant gazon,
Le soir, on dit : où donc est l’île merveilleuse ?
Hélas ! toujours à l’horizon !

Elle trompe toujours notre poursuite avide.
Pour attirer et fuir le voyageur sans guide,
Jamais vent orageux, égaré sur les flots,
Ne fit sur une mer plus fausse et plus perfide,
Errer plus flottante Délos !