Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ne vous figurez pas, ténèbres, que je tremble
Parce que vous venez le soir murer les cieux ;
J’entends des voix parler tout bas dans l’ombre ensemble
Et je sens des regards sur moi sans voir des yeux ;

Mais j’ai foi ! L’Arimane a peur du Zoroastre ;
Plus l’obscurité vient, plus le sage aime et croit,
Et devant la grandeur lumineuse que l’astre
Donne au prophète bon, le dieu méchant décroît.

Vous êtes malgré vous de rayons traversées ;
L’espérance est mêlée à vos blêmes effrois ;
Vous ne nous troublez point sous vos ailes dressées
Pas plus que les corbeaux n’ébranlent les beffrois.

Ô ténèbres, le ciel est une sombre enceinte
Dont vous fermez la porte, et. dont l’âme a la clé ;
Et la nuit se partage, étant sinistre et sainte,
Entre Iblis, l’ange noir, et Christ; l’homme étoilé.

23 novembre 1876.