Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/344

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Il avait sur la tête son chapeau à panache tricolore, à son côté son sabre, dans sa ceinture ses deux pistolets. Sa balafre, qui était d’un rouge vif, ajoutait à son air farouche.

Radoub avait fini par se faire panser. Il avait autour de la tête un mouchoir sur lequel s’élargissait lentement une plaque de sang.

À midi, l’audience n’était pas encore ouverte, une estafette, dont on entendait dehors piaffer le cheval, était debout près de la table du tribunal.

Cimourdain écrivait. Il écrivait ceci :

« Citoyens, membres du comité de salut public,

« Lantenac est pris. Il sera exécuté demain. »

Il data et signa, plia et cacheta la dépêche, et la remit à l’estafette, qui partit.

Cela fait, Cimourdain dit d’une voix haute :

— Ouvrez le cachot.

Les deux gendarmes tirèrent les verrous, ouvrirent le cachot, et y entrèrent.

Cimourdain leva la tête, croisa les bras, regarda la porte, et cria :

— Amenez le prisonnier.

Un homme apparut entre les deux gendarmes, sous le cintre de la porte ouverte.

C’était Gauvain.

Cimourdain eut un tressaillement.

— Gauvain ! s’écria-t-il.

Et il reprit :

— Je demande le prisonnier.

— C’est moi, dit Gauvain.

— Toi ?

— Moi.

— Et Lantenac ?

— Il est libre.

— Libre !

— Oui.

— Évadé ?

— Évadé.

Cimourdain balbutia avec un tremblement :

— En effet, ce château est à lui, il en connaît toutes les issues, l’oubliette communique peut-être à quelque sortie, j’aurais dû y songer, il aura trouvé moyen de s’enfuir, il n’aura eu besoin pour cela de l’aide de personne.

— Il a été aidé, dit Gauvain.

— À s’évader ?