Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/41

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d’oreille en oreille jusqu’au dernier. Il cassa un officier qui ne s’était pas levé tête nue pour recevoir le mot d’ordre de la bouche du sergent. Vous jugez comme cela a réussi. Ce butor ne comprenait pas que les paysans veulent être menés à la paysanne, et qu’on ne fait pas des hommes de caserne avec des hommes des bois. Oui, j’ai connu ce Boulainvilliers-là.

Ils firent quelques pas, chacun songeant de son côté.

Puis la causerie continua :

— À propos, se confirme-t-il que Dampierre soit tué ?

— Oui, commandant.

— Devant Condé ?

— Au camp de Pamars. D’un boulet de canon.

Boisberthelot soupira.

— Le comte de Dampierre. Encore un des nôtres qui était des leurs !

— Bon voyage ! dit La Vieuville.

— Et Mesdames ? où sont-elles ?

— À Trieste.

— Toujours ?

— Toujours.

Et La Vieuville s’écria :

— Ah ! cette république ! Que de dégâts pour peu de chose ! Quand on pense que cette révolution est venue pour un déficit de quelques millions !

— Se défier des petits points de départ, dit Boisberthelot.

— Tout va mal, reprit La Vieuville.

— Oui, La Rouarie est mort, Du Dresnay est idiot. Quels tristes meneurs que tous ces évêques, ce Coucy, l’évêque de La Rochelle, ce Beaupoil Saint-Aulaire, l’évêque de Poitiers, ce Mercy, l’évêque de Luçon, amant de madame de L’Eschasserie…

— Laquelle s’appelle Servanteau, vous savez, commandant : l’Eschasserie est un nom de terre.

— Et ce faux évêque d’Agra, qui est curé de je ne sais quoi !

— De Dol. Il s’appelle Guillot de Folleville. Il est brave, du reste, et se bat.

— Des prêtres quand il faudrait des soldats ! Des évêques qui ne sont pas des évêques ! des généraux qui ne sont pas des généraux !

La Vieuville interrompit Boisberthelot.

— Commandant, vous avez le Moniteur dans votre cabine ?

— Oui.

— Qu’est-ce donc qu’on joue à Paris dans ce moment-ci ?

Adèle et Paulin, et la Caverne.

— Je voudrais voir ça.