Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/460

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Puis viennent quelques lignes, non biffées, mais encerclées et accompagnées de la mention :

À réserver :

Gauvain épargnait la vie des autres, mais prodiguait la sienne. Homme de haute naissance, il avait épousé passionnément la cause du peuple, sans dépouiller pourtant le gentilhomme. Il était devenu citoyen et resté chevalier.

Nbis. Feuillet 215. — Toute cette page contient le portrait développé de l’Imânus, condensé d’abord en quatre lignes.

F2. Feuillet 232. — VI. Sein guéri, cœur saignant.

En marge du début de ce chapitre, une note encerclée au crayon rouge :

Aujourd’hui 15 mars, Julie[1]commence la copie de ce manuscrit.

H2. Feuillet 234.

Un ajouté marginal est tout entier consacré aux raisons qui empêchent Tellmarch de se renseigner sur les enfants ; cet ajouté venait en remplacement de deux pages supprimées que nous rétablissons ici en les faisant précéder des phrases employées page 196 :

Les gens du pays qu’il avait interrogés s’étaient bornés à hocher la tête. M. de Lantenac était un homme dont on ne causait pas volontiers.

Il semble qu’une idée aurait pu venir à Tellmarch. Il avait secouru le marquis dans un péril suprême ; il l’avait recueilli et peut-être sauvé ; il avait des droits sur cet homme ; le marquis était dans le pays ; la guerre était tortueuse, M. de Lantenac faisait une foule de méandres, mais il n’était pas impossible de le joindre. Pourquoi Tellmarch ne lui mènerait-il pas cette mère ? Pourquoi ne redemanderait-il pas les enfants au marquis ? M. de Lantenac lui devait bien cela.

Cela paraît simple, c’eût été insensé. Du moins dans les idées d’alors. Il y avait, dans ce temps et dans ce pays-là, entre un homme et un autre homme, des abîmes. Un service rendu était un pont jeté, mais qui devait disparaître tout de suite. Rendre service était presque une témérité. Un homme sauva la vie à une reine d’Espagne et se hâta de fuir pour n’être pas pendu. Qu’un mendiant comme Tellmarch eût rendu service à un prince comme le marquis de Lantenac, c’était déjà hardi. Oser le lui rappeler serait insolent. Il fallait attendre que le marquis s’en souvînt, et s’il ne s’en souvenait pas l’oublier soi-même. D’autant plus que vous ne sauvez pas la vie à un seigneur sans prendre avec lui quelques familiarités, et ces familiarités, qu’il a tolérées dans le moment, l’indignent plus tard. Aller jusqu’à lui demander service pour service, quelle impudence et quelle imprudence ! que dirait le marquis de cette égalité ? cela ne pourrait que l’irriter et empirer la situation. M. de Lantenac avait emmené ces trois enfants ; c’est qu’évidemment il avait un but. On avait besoin d’otages dans cette guerre-là, et évidemment il ne les avait pas pris pour les rendre.

  1. Julie Chenay, sœur de Mme Victor Hugo. (Note de l’éditeur.)