Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/463

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L’a-t-on ?

Pas encore.

Comment ?

— On l’a réquisitionnée, on l’a mise sur une charrette, elle est partie ce matin, sous bonne escorte, de Larchampy. Elle devrait être arrivée.

Et elle ne l’est pas ?

Non. Mais elle ne peut tarder.

— C’est que le temps presse. Nous ne pouvons différer l’attaque. Les gens de la tour croiraient que nous reculons.

— Mon commandant, évidemment l’échelle va arriver. Je l’attends d’un moment à l’autre. On peut attaquer.

Ce dialogue rayé, Victor Hugo a intercalé le feuillet 308, où l’attaque n’est décidée qu’après que Guéchamp croit avoir vu l’échelle à un quart de lieue du camp.

VI. Situation.

Feuillet isolé donnant une autre version du début du chapitre VI :

L’inexorable tenait l’impitoyable.

Le résultat de l’assaut qu’on allait livrer ne pouvait sembler douteux à personne.

Quatre mille cinq cents contre dix-neuf.

Cimourdain, sinistrement content, n’avait plus, il se le disait dans sa rêverie sereine et farouche, que la main à étendre pour saisir Lantenac.

Cette fois, certes, rien ne l’empêcherait d’accomplir son devoir. Il y allait du salut même de la république. Salut de la république, perdition de la Vendée : deux synonymes. Cimourdain entendait consommer, par l’anéantissement du chef, l’anéantissement de l’insurrection. Il entendait que l’effet fut décisif par la grandeur même du lieu choisi. Il entendait faire un effrayant exemple du Gauvain rebelle devant le manoir des Gauvain ; il entendait que le vieux berceau gothique vît l’échafaud républicain ; cette tour, cet immobile colosse de la guerre, cette momie de granit, c’était le passé, c’était le passé pétrifié assistant au présent terrible, et c’est en présence de la féodalité que Cimourdain voulait affirmer la révolution. C’est pourquoi il avait envoyé chercher à Fougères la guillotine. On l’a vue en route.

Voici une autre page isolée, qui aurait dû, si ce développement n’avait pas été supprimé par Victor Hugo, prendre la place de ces mots du chapitre VI :

L’Imânus, du haut de la tour, surveillait l’approche des assiégeants. (Voir p. 262.)

Le retentissement du coup de canon durait encore, et Brisebleu[1], en observation dans la guérite-vedette, l’écoutait continuer dans les profonds échos des plaines,

  1. Sur le manuscrit, en surcharge au nom de Brisebleu, vient toujours le nom de l’Imânus ; on se rappelle que c’est le même personnage. (Note de l’éditeur.)