Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/235

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Ce nom de roi, proscrit par votre orgueil fantasque.

Qu’est-ce pour un soldat ? — Un panache à son casque.
Il fait signe à Whitelocke de parler. Whitelocke se lève, et Desborough se rassied.

WHITELOCKE, à part, regardant Desborough.
Ce valet de charrue avant moi se lever !
Haut.
Mylord, — je serai vrai, quoi qu’il puisse arriver.

Point de peuple sans loi, point de loi sans monarque. —

Écoutez ; l’argument vaut bien qu’on le remarque...
À part.
Avant moi ! Desborough! homuncio ! butor !
Haut.
Le roi fut de tout temps nommé legislator,

Lator, porteur, legis, de loi ; d’où je relève
Qu’un prince est à la loi ce qu’Adam est pour Ève.
Donc, si le roi des lois est le père et le chef,
Point de peuple sans roi, je le dis derechef ;
Voyez, pour confirmer ma doctrine certaine.
Moïse, Aaron, Saint-John, Glynn, Cicéron, Fountaine,
Et Selden, livre trois, chapitre des Abus :
Quid de his censetur modo codicibus, —

Mylord, il faut régner ! — Dixi.
Il se rassied.

CROMWELL, félicitant Whitelocke du geste et du regard.
Comme il raisonne !
Qu’un discours à propos de latin s’assaisonne ! —

Écoutons Wolseley.

SIR CHARLES WOLSELEY, se levant.
Mylord, — sans nul détour
J’oserai détromper votre altesse à mon tour.

Le chef d’un peuple libre est, suivant le prophète,
Tanquam in medio positus, non au faîte.
Ce chef, sur quelque siège enfin qu’il soit assis.
Est major singulis, — minor universis
Donc le titre de roi rompt notre privilège,

Rex violat legem.
Il se rassied.