Ce regard… cette voix…
Mais qui donc êtes-vous ?
Broghill me le demande !
Rappelez-vous, mylord, les guerres de l’Irlande.
Tous deux ensemble alors nous y servions le roi.
C’est le comte d’Ormond ! mon vieil ami, c’est toi !
— Toi dans Londre ! et, grand Dieu ! la veille du jour même
Où Cromwell triomphant s’élève au rang suprême !
Ta tête est mise à prix. Si l’on vient à savoir…
Que fais-tu donc ici, malheureux ?
Mon devoir.
T’ai-je pu méconnaître ? Ah ! — Mais cet air sinistre,
Mylord, — les ans, — surtout cet habit de ministre…
Vous êtes si changé !
Je le suis moins que vous,
Broghill ! devant Cromwell vous pliez les genoux.
Broghill se courbe aux pieds d’un régicide infâme !
Moi, j’ai changé d’habits, mais toi, de cœur et d’âme !
Te voilà, toi qu’on vit si grand dans nos combats !
Tu ne montais si haut que pour tomber si bas !
Ah ! — vaincu, je vous plains ; proscrit, je vous révère ;
Mais ce langage…
Pourtant, écoute-moi, tu peux tout réparer.
Sers-moi…