Fait la guerre aux ranters, aux saints, aux prédicants ;
Et ma main, aux combats sans relâche occupée,
Sait ce qu’il faut de coups pour émousser l’épée.
Eh bien ! je touche enfin au but de mes travaux,
Cromwell va succomber ! voici des jours nouveaux !
Mais pour ternir ma joie, empoisonner ma gloire.
Faut-il qu’un vieil ami meure de ma victoire ?
Compagnon, souviens-toi que nous avons tous deux
Baigné du même sang nos glaives hasardeux,
Et des mêmes combats respiré la poussière.
Pour la deuxième fois, Broghill, pour la dernière,
Je t’interpelle, au nom du bon plaisir royal,
Veux-tu vivre fidèle ou mourir déloyal ?
Réfléchis. Pour répondre Ormond te laisse une heure.
Voici mon nom d’emprunt, ma secrète demeure...
Ah ! ne me le dis point ! Non. J’en sais trop déjà.
Longtemps la même tente, ami, nous protégea.
Je le sais ; mais il faut que mon sort s’accomplisse.
Adieu. Je ne serai délateur ni complice.
J’oublierai tout ceci. Mais écoute un conseil :
Es-tu sûr du succès dans un complot pareil ?
Rien n’échappe à Cromwell. Il surveille l’Europe,
Son œil partout l’épie, et sa main l’enveloppe.
Et lorsque ton bras cherche où tu le frapperas,
Peut-être il tient le fil qui fait mouvoir ton bras.
Tremble, Ormond !
Lord Broghill ! laissez-moi, je vous prie.
Ormond baise les mains de votre seigneurie.
Scène II.
N’y pensons plus !
Un soldat au dur visage,
Une nuit, arrête un page,