Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/164

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LA TISBE.

Ma foi ! je vous le dis comme je peux.

ANGELO.

Ah ! ne soyez pas à moi, j’y consens ; mais ne soyez pas à un autre ! Tisbe ! Que je n’apprenne jamais qu’un autre…

La Tisbe.

Si vous croyez que vous êtes beau quand vous me regardez comme cela !

ANGELO.

Ah ! Tisbe, quand m’aimerez-vous ?

LA TISBE.

Quand tout le monde ici vous aimera.

ANGELO.

Hélas ! — C’est égal, restez à Padoue. Je ne veux pas que vous quittiez Padoue, entendez-vous ? Si vous vous en alliez, ma vie s’en irait. — Mon Dieu ! voici qu’on vient à nous. Il y a longtemps déjà qu’on peut nous voir parler ensemble ; cela pourrait donner des soupçons à Venise. Je vous laisse. (S’arrêtant et montrant Homodei.) — Vous me répondez de cet homme ?

LA TISBE.

Comme d’un enfant qui dormirait là.

ANGELO.

C’est votre frère qui vient. Je vous laisse avec lui. (Il sort.)



Scène II.

LA TISBE ; RODOLFO, vêtu de noir, sévère, une plume noire au chapeau ; HOMODEI, toujours endormi.
LA TISBE.

Ah ! c’est Rodolfo ! ah ! c’est Rodolfo ! Viens, je t’aime, toi ! (Se tournant vers le côté par où Angelo est sorti.) — Non, tyran imbécile ! ce n’est pas mon frère, c’est mon amant ! — Viens, Rodolfo, mon brave soldat, mon noble