Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/533

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Vous ne le vaincrez pas, vous si brave et si beau;
Car mon vrai fiancé, vois-tu, c'est le tombeau!
— Hélas ! puisque je touche à cette nuit profonde,
Je fais de ce que j'ai de meilleur en ce monde
Deux parts, l'une au Seigneur, l'autre pour vous. Je veux,
Ami, que vous posiez la main sur mes cheveux,
Et je vous dis, au seuil de mon heure suprême :
Otbert, mon âme à Dieu, mon cœur à vous. — Je t'aime

Edwige, entrant.
Quelqu'un.

Régina, à Edwige
Viens.
Elle fait quelques pas vers la porte bâtarde, appuyée sur Edwige et sur Olbert. Au moment d'entrer sous la porte, elle s'arrête et se retourne.
Oh ! mourir à seize ans, c'est affreux !
Quand nous aurions pu vivre, ensemble, aimés, heureux!
Mon Otbert, je veux vivre ! écoute ma prière!
Ne me laisse pas choir sous cette froide pierre!
La mort me fait horreur ! Sauve-moi, mon amant !
Est-ce que tu pourrais me sauver, dis, vraiment?

Otbert.
Tu vivras !
Régina sort avec Edwige. La porte se referme. Otbert semble la suivre des yeux et lui parler, quoiqu'elle ait disparu.
Toi, mourir si jeune ! Belle et pure !
Non, dussé-je au démon me donner, je le jure,
Tu vivras.
Apercevant Guanhumara, qui est depuis quelques instants immobile au fond du théâtre.
Justement.



Scène IV

Otbert, Guanhumara.

Otbert, marchant droit à Guanhumara.
Guanhumara, ta main.
J'ai besoin de toi, viens.

Guanhumara.
Toi, passe ton chemin.

Otbert.