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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.


III

L’ONCLE BOILOUP. — FARFUCHE, son neveu.
LAURON, maîtresse de Farfuche.
Il s’agit d’avoir de l’argent pour faire la noce.
FARFUCHE, entrant, chapeau bas, l’air humble et timide.

Mon bon oncle, je viens vous demander pardon.

FARFUCHE, inquiet, à part.

Diable !

FARFUCHE.

Diable ! Mon oncle…

BOILOUP.

Diable ! Mon oncle… As-tu toujours cette dondon ?

FARFUCHE.

Mon oncle, j’ai donné des scandales au monde ;
Celle dont vous parlez en repentirs abonde ;
Nous avions dédié nos âmes au péché ;
Je suis un criminel, mais…

BOILOUP.

Je suis un criminel, mais… Mais ?

FARFUCHE.

Je suis un criminel, mais… Mais ? Dieu m’a touché.
Elle aussi. Nous sentons en nous Satan décroître.
J’entre dans un couvent, elle entre dans un cloître.
Nous sommes par Jésus et la grâce vaincus.
Mais pour entrer au cloître il faut quelques écus,
Tant pour le froc de bure et tant pour la pitance ;
Or, quoique nos esprits, contrits de pénitence,
Se tournent vers la Vierge, astre des cœurs souffrants,