Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

288 MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSE.

Une Madelonnette. Je le suppose du moins. Pauvre fille ! errante elle aussi. Elle espère un passant. Elle s’offre aux ténèbres. Elle a faim comme moi, elle a froid comme moi. Maintenant, mes beaux masques, faites sa conquête. Ce dénûment-là, cette détresse-là, ce désespoir-là, v’ià le plaisir, messieurs, v’ià le plaisir !

Pendant que la femme voilée avance, Glapieu s’enfonce. Il sort. La femme écarte son voile. C’est Cyprienne.

SCENE IIL

M. DE PONTRESME, M. BARUTIN, CYPRIENNE, Masques. CYPRIENNE.

Il n’a fait qu’entr’ouvrir ma porte, il m’a dit. . . Qu’est-ce donc qu’il m’a dit. ? je roule ses paroles dans mon esprit pour tâcher d’en bien fixer le sens. — Il m’a dit... oui, ce sont bien ces paroles-là : — Silence et secret absolu. L’huissier ne me connaît pas. Qu’on ne sache pas que je suis venu ce matin chez vous. J’ai dit que j’avais perdu cet argent. — Puis, moi muette, pétrifiée, il s’est enfui. Il avait l’air effrayant. Il a descendu rapidement l’escalier. Je me suis jeté ce voile sur la tête, et j’ai couru pour le rejoindre. Impossible. Il allait plus vite que moi. Je l’ai aperçu un instant au coin d’une rue. Puis je l’ai perdu de vue dans la nuit. Et c’est fini, je ne sais plus où il est. Où est-il allé.’* Je crois bien que c’est de ce côté-ci qu’il s’est dirigé. Edgar ! Ah mon Dieu !

Elle approche du tripot et regarde par les fenêtres du rez-de-chaussée. Elle joint les mains, effarée.

Le voilà !

Elle regarde avec un mélange d’avidité et de crainte. Oui, c’est lui. Je ne me trompe pas. lia son habit bleu à boutons dorés. Il se tourne. Il est éclairé de face. C’est bien lui. Si j’entrais lui parler. ? Oh ! je n’ose pas. Mon Dieu, j’ai peur. Qu’est-ce qu’il fait là. ? Qu’est-ce que c’est que cet endroit-ci. ? une table, une lampe, des hommes et des femmes assis et debout, au fond toutes sortes de fantômes qui passent ! — Comme il est pâle ! Qu’est-ce que cette maison. ? Edgar ! Il remue de l’or. Il en a plein les mains. Oh ! je sens quelque chose d’horrible autour de moi. — Edgar ! où est-il . ?

Entrent deux masques.

PREMIER MASQUE, montrant Cyprienne.

Une jolie tournure. Prends-tu feu. ?