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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 4.djvu/125

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VIII

MENTANA

à garibaldi
I

Ces jeunes gens, ces fils de Brutus, de Camille,
De Thraséas, combien étaient-ils ? quatre mille.
Combien sont morts ? six cents. Six cents ! comptez, voyez.
Une dispersion de membres foudroyés,
Des bras rompus, des yeux troués et noirs, des ventres
Où fouillent en hurlant les loups sortis des antres,
De la chair mitraillée au milieu des buissons,
C’est là tout ce qui reste, après les trahisons,
Après le piége, après les guets-apens infâmes,
Hélas, de ces grands cœurs et de ces grandes âmes !
Voyez. On les a tous fauchés d’un coup de faulx.
Leur crime ? ils voulaient Rome et ses arcs triomphaux ;
Ils défendaient l’honneur et le droit, ces chimères.
Venez, reconnaissez vos enfants, venez, mères !
Car, pour qui l’allaita, l’homme est toujours l’enfant.
Tenez ; ce front hagard, qu’une balle ouvre et fend,
C’est l’humble tête blonde où jadis, pauvre femme,
Tu voyais rayonner l’aurore et poindre l’âme ;
Ces lèvres, dont l’écume a souillé le gazon,
Ô nourrice, après toi bégayaient ta chanson ;