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PENDANT L’EXIL. — 1868.

adressée l’honorable lady Thompson. Dans la seule paroisse de Marylebone, en l’année 1868, le nombre des enfants assistés s’est élevé de 5,000 à 7,850. Une société d’assistance, intitulée Childrens’ Provident Society, vient de se fonder, Maddox street, Regent’s street, au capital de vingt mille livres sterling. Enfin, troisième fait, vous vous rappelez que l’an dernier, à pareil jour, je me félicitais de lire dans les journaux anglais que l’idée de Hauteville-House avait fructifié à Londres, au point qu’on y secourait trente mille enfants. Eh bien, lisez aujourd’hui l’excellent journal l’Express du 17 décembre, vous y constaterez une progression magnifique. En 1866, il y avait à Londres six mille enfants secourus de la façon que j’ai indiquée ; en 1867, trente mille ; en 1868, il y en a cent quinze mille.

À ces 115,000 ajoutez les 7,850 de Marylebone, société distincte, et vous aurez un total de 122,850 enfants secourus.

Ce que c’est qu’un grain mis dans le sillon, quand Dieu consent à le féconder ! Combien voyez-vous ici d’enfants ? Quarante. C’est bien peu. Ce n’est rien. Eh bien, chacun de ces quarante enfants en produit au dehors trois mille, et les quarante enfants de Hauteville-House deviennent à Londres cent vingt mille.

Je pourrais citer d’autres faits encore, je m’arrête. Je parle de moi, mais c’est malgré moi. Dans tout ceci aucun honneur ne me revient, et mon mérite est nul. Toutes les actions de grâces doivent être adressées à mes admirables coopérateurs d’Angleterre et d’Amérique.

Un mot pour terminer.

Je trouve l’exil bon. D’abord, il m’a fait connaître cette île hospitalière ; ensuite, il m’a donné le loisir de réaliser cette idée que j’avais depuis longtemps, un essai pratique d’amélioration immédiate du sort des enfants — des pauvres enfants — au point de vue de la double hygiène, c’est-à-dire de la santé physique et de la santé intellectuelle. L’idée a réussi. C’est pourquoi je remercie l’exil.

Ah ! je ne me lasserai jamais de le dire : — Songeons aux enfants !

La société des hommes est toujours, plus ou moins, une société coupable. Dans cette faute collective que nous