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LE SEIZE MAI. — LA DISSOLUTION.

vous vous-mêmes, et prenez garde à ce que vous allez faire. Des corps tels que celui-ci sauvent ou perdent les nations.

Sauvez votre pays. (Sensation. — Vifs applaudissements à gauche.)

Messieurs, la logique de la situation qui nous est faite me ramène à ce que je vous disais en commençant :

C’est aujourd’hui que la grave question des deux chambres, posée par la constitution, va être résolue.

Deux chambres sont-elles utiles ? Une seule chambre est-elle préférable ? En d’autres termes, faut-il un sénat ?

Chose étrange ! le gouvernement, en croyant poser la question de la chambre des députés, a posé la question du sénat. (Mouvement.)

Et, chose non moins remarquable, c’est le sénat qui va la résoudre. (Approbation à gauche.)

On vous propose de dissoudre une chambre. Vous pouvez vous faire cette demande : laquelle ! (Très bien ! à gauche.)

Messieurs, j’y insiste. Il dépend aujourd’hui du sénat de pacifier la France ou de troubler le monde.

La France est aujourd’hui désarmée en face de toutes les coalitions du passé. Le sénat est son bouclier. La France, livrée aux aventures, n’a plus qu’un point d’appui, un seul, le sénat. Ce point d’appui lui manquera-t-il ?

Le sénat, en votant la dissolution, compromet la tranquillité publique et prouve qu’il est dangereux.

Le sénat, en rejetant la dissolution, rassure la patrie et prouve qu’il est nécessaire.

Sénateurs, prouvez que vous êtes nécessaires. (Adhésion à gauche.)

Je me tourne vers les hommes qui en ce moment gouvernent, et je leur dis :

Si vous obtenez la dissolution, dans trois mois le suffrage universel vous renverra cette chambre.

La même.

Pour vous pire. Pourquoi ?