Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/62

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                         III

Rois teutons, vous avez mal copié vos pères.
Ils se précipitaient hors de leurs grands repaires,
Le glaive au poing, tâchant d’avoir ceci pour eux
D’être les plus vaillants et non les plus nombreux.
Vous, vous faites la guerre autrement.

On se glisse
Sans bruit, dans l’ombre, avec le hasard pour complice,
Jusque dans le pays d’à côté, doucement,
Un peu comme un larron, presque comme un amant ;
Baissant la voix, courbant le front, cachant sa lampe,
On se fait invisible au fond des bois, on rampe ;
Puis brusquement, criant vivat, hourrah, haro,
On tire un million de sabres du fourreau,
On se rue, et l’on frappe et d’estoc et de taille
Sur le voisin, lequel a, dans cette bataille,
Rien pour armée avec zéro pour général.
Vos aïeux, que Luther berçait de son choral,