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Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/156

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que vous les sentiez dieux. Votre diminution les augmente. Votre courbure les redresse. Il y a dans leur son de voix une douce pointe impertinente. Leurs événements de famille, mariages, baptêmes, la femelle pleine, les petits qu’on met bas, cela vous regarde. Il leur naît un louveteau, bien, vous composerez un sonnet. Vous êtes poète pour être plat. Si ce n’est pas à faire crouler les astres ! Un peu plus, ils vous feraient user leurs vieux souliers !

— Qu’est-ce que vous avez donc là chez vous, ma chère ? qu’il est laid ! qu’est-ce que c’est que cet homme ? — Je ne sais pas, c’est un grimaud que je nourris. — Ainsi dialoguent ces dindes. Sans même baisser la voix. Vous entendez, et vous restez mécaniquement aimable. Du reste, si vous êtes malade, vos maîtres vous envoient le médecin. Pas le leur. Dans l’occasion, ils s’informent. N’étant pas de la même espèce que vous, et l’inaccessible étant de leur côté, ils sont affables. Leur escarpement les fait abordables. Ils savent que le plain-pied est impossible. À force de dédain, ils sont polis. À table, ils vous font un petit signe de tête. Quelquefois ils savent