Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/161

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gique très souple, très implacable et très agile est au service du mal et excelle à meurtrir la vérité dans les ténèbres. Coups de poing sinistres de Satan à Dieu.

Tel sophiste, admiré des niais, n’a pas d’autre gloire que d’avoir fait des « bleus » à la conscience humaine.

L’affligeant, c’est que Barkilphedro pressentait un avortement. Il entreprenait un vaste travail, et en somme, il le craignait du moins, pour peu de ravage. Être un homme corrosif, avoir en soi une volonté d’acier, une haine de diamant, une curiosité ardente de la catastrophe, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer ! Être ce qu’il était, une force de dévastation, une animosité vorace, un rongeur du bonheur d’autrui, avoir été créé — (car il y a un créateur, le diable ou Dieu, n’importe qui !) avoir été créé de toutes pièces Barkilphedro pour ne réaliser peut-être qu’une chiquenaude ; est-ce possible ! Barkilphedro manquerait son coup ! Être un ressort à lancer des quartiers de rocher, et lâcher toute sa détente pour faire à une mijaurée une bosse au front ! une catapulte faisant