Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/32

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Qu’on soit niais tant qu’on voudra, à la condition de ne pas donner le mauvais exemple. On ne demande aux niais que d’être honnêtes, moyennant quoi ils peuvent prétendre à être les bases des monarchies. La brièveté d’esprit de ce Clancharlie était inimaginable. Il était resté dans l’éblouissement de la fantasmagorie révolutionnaire. Il s’était laissé mettre dedans par la république, et dehors. Il faisait affront à son pays. Pure félonie que son attitude ! Être absent, c’est être injurieux. Il semblait se tenir à l’écart du bonheur public comme d’une peste. Dans son bannissement volontaire, il y avait on ne sait quel refuge contre la satisfaction nationale. Il traitait la royauté comme une contagion. Sur la vaste allégresse monarchique, dénoncée par lui comme lazaret, il était le drapeau noir. Quoi ! au-dessus de l’ordre reconstitué, de la nation relevée, de la religion restaurée, faire cette figure sinistre ! sur cette sérénité jeter cette ombre ! prendre en mauvaise part l’Angleterre contente ! être le point obscur dans ce grand ciel bleu ! ressembler à une menace ! protester contre le vœu de la nation ! refuser son oui au consen-