Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/349

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Soudain, comme chacun demeurait interdit, Un jeune homme bien fait sortit des rangs, et dit :

« Que monsieur saint Denis garde le roi de France ! » L’empereur fut surpris de ce ton d’assurance.

Il regarda celui qui s’avançait, et vit, Comme le roi Saül lorsque apparut David, Une espèce d’enfant au teint rose, aux mains blanches, Que d’abord les soudards dont l’estoc bat les hanches Prirent pour une fille habillée en garçon, Doux, frêle, confiant, serein, sans écusson Et sans panache, ayant, sous ses habits de serge, L’air grave d’un gendarme et l’air froid d’une vierge.

« Toi, que veux-tu, dit Charle, et qu’est-ce qui t’émeut ?

— Je viens vous demander ce dont pas un ne veut : L’honneur d’être, ô mon roi, si Dieu ne m’abandonne, L’homme dont on dira : « C’est lui qui prit Narbonne. »

L’enfant parlait ainsi d’un air de loyauté, Regardant tout le monde avec simplicité.

Le Gantois, dont le front se relevait très vite, Se mit à rire et dit aux reîtres de sa suite : « Hé ! c’est Aymerillot, le petit compagnon !