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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/359

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Le Cid dans sa grandeur allait, venait, parlait, La faisant boire à tous, comme aux enfants le lait ; D’altiers ducs, tout enflés de faste et de tempête, Qui, depuis qu’ils avaient le chapeau sur la tête, D’aucun homme vivant ne s’étaient souciés, Se levaient, sans savoir pourquoi, quand vous passiez ; Vous vous faisiez servir par tous les gentilshommes ; Le Cid comme une altesse avait ses majordomes ; Lerme était votre archer ; Gusman, votre frondeur ; Vos habits étaient faits avec de la splendeur ; Vous si bon, vous aviez la pompe de l’armure ; Votre miel semblait or comme l’orange mûre. Sans cesse autour de vous vingt coureurs étaient prêts. Nul n’était au-dessus du Cid, et nul auprès. Personne, eût-il été de la royale estrade, Prince, infant, n’eût osé vous dire : Camarade ! Vous éclatiez, avec des rayons jusqu’aux cieux, Dans une préséance éblouissante aux yeux ; Vous marchiez entouré d’un ordre de bataille ; Aucun sommet n’était trop haut pour votre taille, Et vous étiez un fils d’une telle fierté Que les aigles volaient tous de votre côté. Vous regardiez ainsi que néants et fumées