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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/381

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Ces anges où Marie est lisible, où l’Ave Est écrit, mot divin, sur des pages fidèles, Vierges pures ayant la Vierge sainte en elles, Reliure d’ivoire à l’exemplaire d’or ! La grille ouverte, ils ont franchi le corridor ; Les nonnes frémissaient au fond du sanctuaire ; En vain le couvent sombre agitait son suaire, En vain grondait au seuil le vieux foudre romain, En vain l’abbesse, blanche, en deuil, la crosse en main, Sinistre, protégeait son tremblant troupeau d’âmes ; Devant des mécréants, des saintes sont des femmes ; L’homme parfois à Dieu jette d’affreux défis ; L’autel, l’horreur du lieu, le sanglant crucifix, Le cloître avec sa nuit, l’abbesse avec sa crosse, Tout s’est évanoui dans un rire féroce. Et ceci fut l’exploit de Blas-el-Matador.

Partout on voit l’alcade et le corrégidor Pendus, leurs noms au dos, à la potence vile, L’un, devant son hameau, l’autre devant sa ville.

Tous les bourgs ont tendu leurs gorges au couteau. Chagres, comme le reste, est mort sur son coteau. Ô deuil ! ce fut pendant une journée entière, Entre les parapets de l’étroit pont de pierre Que bâtit là Crassus, lieutenant de César, Comme l’écrasement d’un peuple sous un char. Ils voulaient s’évader, les manants misérables ;