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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/391

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Prêts à toute besogne, à toute heure, en tout lieu, Farouches, ils étaient les chevaliers de Dieu.

Ils erraient dans la nuit ainsi que des lumières.

Leur seigneurie était tutrice des chaumières ; Ils étaient justes, bons, lugubres, ténébreux ; Quoique gardé par eux, quoique vengé par eux, Le peuple en leur présence avait l’inquiétude De la foule devant la pâle solitude ; Car on a peur de ceux qui marchent en songeant, Pendant que l’aquilon, du haut des cieux plongeant, Rugit, et que la pluie épand à flots son urne Sur leur tête entrevue au fond du bois nocturne.

Ils passaient effrayants, muets, masqués de fer.

Quelques-uns ressemblaient à des larves d’enfer ; Leurs cimiers se dressaient difformes sur leurs heaumes, On ne savait jamais d’où sortaient ces fantômes ; On disait : « Qui sont-ils ? d’où viennent-ils ? Ils sont Ceux qui punissent, ceux qui jugent, ceux qui vont. » Tragiques, ils avaient l’attitude du rêve.