Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/422

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Mais s’étant laissé tondre, ayant eu la paresse De vivre, que m’importe après qu’il reparaisse ! Je dirais : « Le feu roi hantait les filles ; bien ; « A-t-il eu quelque part ce fils ? Je n’en sais rien ; « Mais depuis quand, bâtard et lâche, est-on des nôtres ? « Toute la différence entre un rustre et nous autres, « C’est que, si l’affront vient à notre choix s’offrir, « Le rustre voudra vivre et le prince mourir ; « Or, ce drôle a vécu. » Les manants ont envie De devenir caducs, et tiennent à la vie ; Ils sont bourgeois, marchands, bâtards, vont aux sermons, Et meurent vieux ; mais nous, les princes, nous aimons Une jeunesse courte et gaie à la fin sanglante ; Nous sommes les guerriers ; nous trouvons la mort lente, Et nous lui crions : « Viens ! » et nous accélérons Son pas lugubre avec le bruit de nos clairons. Le peuple nous connaît, et le sait bien ; il chasse Quiconque prouve mal sa couronne et sa race, Quiconque porte mal sa peau de roi. Jamais