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ÉVIRADNUS.

Le grand chevalier dit, regardant l’un et l’autre :
« Rois, un vieux de mon temps vaut deux jeunes du vôtre.
Je vous défie à mort, laissant à votre choix
D’attaquer l’un sans l’autre ou tous deux à la fois ;
Prenez au tas quelque arme ici qui vous convienne ;
Vous êtes sans cuirasse et je quitte la mienne ;
Car le châtiment doit lui-même être correct. »

Éviradnus n’a plus que sa veste d’Utrecht.

Pendant que, grave et froid, il déboucle sa chape,
Ladislas, furtif, prend un couteau sur la nappe,
Se déchausse, et, rapide et bras levé, pieds nus,
Il se glisse en rampant derrière Éviradnus ;
Mais Éviradnus sent qu’on l’attaque en arrière,
Se tourne, empoigne et tord la lame meurtrière,
Et sa main colossale étreint comme un étau
Le cou de Ladislas, qui lâche le couteau :
Dans l’œil du nain royal on voit la mort paraître.

« Je devrais te couper les quatre membres, traître,
Et te laisser ramper sur tes moignons sanglants.
Tiens, dit Éviradnus, meurs vite ! »

Tiens, dit Éviradnus, meurs vite ! » Et sur ses flancs