Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/294

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Que Wagram, Austerlitz, Lodi, s'en sont allés
En prison, sous les yeux de l'Anglais et du Russe,
Le dos zébré du plat du sabre de la Prusse !
Inexprimable deuil !

                                 Donc cet homme est muré
Au fond d'on ne sait quel mépris démesuré ;
Le regard effrayant du genre humain l'entoure ;
Il est la trahison comme Cid la bravoure.
Sa complice, la Peur, sa sœur, la Lâcheté,
Le gardent. Ce rebut vivant, ce rejeté,
Sous l'exécration de tous, sur lui vomie,
Râle, et ne peut pas plus sortir de l'infamie
Que l'écume ne peut sortir de l'Océan.
L'opprobre, ayant horreur de lui, dirait : Va-t'en,
Les anges justiciers, secouant sur cette âme
Leur glaive où la lumière, hélas, s'achève en flamme,
Crieraient : Sors d'ici ! rentre au néant qui t'attend !
Qu'il ne pourrait ; aucune ouverture n'étant
Possible, ô cieux profonds, hors d'une telle honte !
Cet homme est le Forçat ! Qu'il descende ou qu'il monte,
Que trouve-t-il ? En bas l'abjection ; en haut
L'abjection. Son cœur est brûlé du fer chaud.
Le criminel, eût-il plus d'or qu'il n'en existe,
Ne corrompra jamais son crime, geôlier triste.