Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/339

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S'ouvrit. Je me souviens que j'étais du cortége.
Le prêtre, murmurant une vague oraison,
Les amis, les parents, vinrent dans la maison
Chercher le doux aïeul pour l'aller mettre en terre ;
La plaine fut riante autour de ce mystère ;
On dirait que les fleurs aiment ces noirs convois ;
De bonnes vieilles gens priaient, mêlant leurs voix ;
On suivit un chemin, creux comme une tranchée ;
Au bord de ce chemin, une vache couchée
Regardait les passants avec maternité ;
Les paysans avaient leur bourgeron d'été ;
Et le petit marchait derrière l'humble bière.
On porta le vieillard au prochain cimetière,
Enclos désert, muré d'un mur croulant, auprès
De l'église, âpre et nu, point orné de cyprès,
Ni de tombeaux hautains, ni d'inscriptions fausses ;
On entrait dans ce champ plein de croix et de fosses,
Lieu sévère où la mort dort si Dieu le permet,
Par une grille en bois que la nuit on fermait ;
Aux barreaux s'ajoutait le croisement d'un lierre ;
Le petit enfant, chose obscure et singulière,
Considéra l'entrée avec attention.

Le sort pour les enfants est une vision ;
Et la vie à leurs yeux apparaît comme un rêve.