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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/187

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LA LUTTE

inévitable, et nul moyen d’y remédier sur place. La houle emporterait le travailleur.

Une décharge électrique, qui illumina l’écueil, dévoila à Gilliatt le dégât qui se faisait dans le brise-lames, les poutres déjetées, les bouts de corde et les bouts de chaîne commençant à jouer dans le vent, une déchirure au centre de l’appareil. La deuxième claire-voie était intacte.

Le bloc de pierre, si puissamment jeté par Gilliatt dans l’entre-deux derrière le brise-lames, était la plus solide des barrières, mais avait un défaut ; il était trop bas. Les coups de mer ne pouvaient le rompre, mais pouvaient le franchir.

Il ne fallait point songer à l’exhausser. Des masses rocheuses seules pouvaient être utilement superposées à ce barrage de pierre ; mais comment les détacher, comment les traîner, comment les soulever, comment les étager, comment les fixer ? On ajoute des charpentes ! On n’ajoute pas des rochers.

Gilliatt n’était pas Encelade.

Le peu d’élévation de ce petit isthme de granit préoccupait Gilliatt.

Ce défaut ne tarda point à se faire sentir. Les rafales ne quittaient plus le brise-lames ; elles faisaient plus que s’acharner, on eût dit qu’elles s’appliquaient. On entendait sur cette charpente cahotée une sorte de piétinement.

Tout à coup un tronçon d’hiloire, détaché de cette dislocation, sauta au delà de la deuxième claire-voie, vola par-dessus la roche transversale, et alla s’abattre dans le défilé, où l’eau le saisit et l’emporta dans les sinuosités de la ruelle. Gilliatt l’y perdit de vue. Il est probable que le morceau