surément. Dans cette illusion d’optique de la peur il y avait de la réalité. La maison grandissait en effet, parce qu’ils en approchaient.
Cependant les voix qui étaient dans la maison prenaient une saillie de plus en plus nette. Les enfants écoutaient. L’oreille aussi a ses grossissements. C’était autre chose qu’un murmure, plus qu’un chuchotement, moins qu’un brouhaha. Par instants une ou deux paroles clairement articulées se détachaient. Ces paroles, impossibles à comprendre, sonnaient bizarrement. Les enfants s’arrêtaient, écoutaient, puis recommençaient à avancer.
— C’est la conversation des revenants, murmura l’apprenti calfat, mais je ne crois pas aux revenants.
Les petits de Torteval étaient bien tentés de se replier derrière le tas de fagots ; mais ils en étaient déjà loin, et leur ami le calfat continuait de marcher vers la masure. Ils tremblaient de rester avec lui, et ils n’osaient pas le quitter.
Pas à pas, et perplexes, ils le suivaient.
L’apprenti calfat se tourna vers eux et leur dit :
— Vous savez que ce n’est pas vrai. Il n’y en a pas.
La maison devenait de plus en plus haute. Les voix devenaient de plus en plus distinctes.
Ils approchaient.
En approchant, on reconnaissait qu’il y avait dans la maison quelque chose comme de la lumière étouffée. C’était une lueur très vague, un de ces effets de lanterne sourde indiqués tout à l’heure, et qui abondent dans l’éclairage des sabbats.
Quand ils furent tout près, ils firent halte.