Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/243

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s’en va dans les élargissements sans bords de la méditation infinie.

Qui y descend est Kant ; qui y tombe est Swedenborg.

Garder son libre arbitre dans cette dilatation, c’est être grand. Mais, si grand qu’on soit, on ne résout pas les problèmes. On presse l’abîme de questions. Rien de plus. Quant aux réponses, elles sont là, mais mêlées à l’ombre. Les énormes linéaments des vérités semblent parfois apparaître un instant, puis rentrent et se perdent dans l’absolu. De toutes ces questions, celle entre toutes qui nous obsède l’intelligence, celle entre toutes qui nous serre le cœur, c’est la question de l’âme.

L’âme est-elle ? première question. La persistance du moi est la soif de l’homme. Sans le moi persistant, toute la création n’est pour lui qu’un immense à quoi bon ! Aussi écoutez la foudroyante affirmation qui jaillit de toutes les consciences. Toute la somme de Dieu qu’il y a sur la terre dans tous les hommes se condense en un seul cri pour affirmer l’âme. Et puis, deuxième question, y a-t-il de grandes âmes ?

Il semble impossible d’en douter. Pourquoi pas de grandes âmes dans l’humanité, comme de grands arbres dans la forêt, comme de grandes cimes sur l’horizon ? On voit les grandes