Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/212

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Ceci était d’une politique profonde.

C’était entamer le grand état méridional du Rhin, ébauché par Charlemagne, construit par Louis XIV, complété et restauré par Napoléon. C’était affaiblir l’Europe centrale, lui créer facticement une sorte de maladie chronique, et la tuer peut-être, avec le temps, en lui mettant près du cœur un ulcère toujours douloureux, toujours gangrené. C’était faire brèche à la France, à la vraie France, qui est rhénane comme elle est méditerranéenne ; Francia rhenana, disent les vieilles chartes carlovingiennes. C’était poster une avant-garde étrangère à cinq journées de Paris. C’était surtout irriter à jamais la France contre l’Allemagne.

Cette politique profonde, qu’on reconnaît dans la conception d’une pareille pensée, se retrouve dans l’exécution.

Donner la rive gauche du Rhin à l’Allemagne, c’était une idée. L’avoir donnée à la Prusse, c’est un chef-d’œuvre.

Chef-d’œuvre de haine, de ruse, de discorde et de calamité ; mais chef-d’œuvre. La politique en a comme cela.

La Prusse est une nation jeune, vivace, énergique, spirituelle, chevaleresque, libérale, guerrière, puissante. Peuple d’hier qui a demain. La Prusse marche à de hautes destinées particulièrement sous son roi actuel, prince grave, noble, intelligent et loyal, qui est digne de donner à son peuple cette dernière grandeur, la liberté. Dans le sentiment vrai et juste de son accroissement inévitable, par un point d’honneur louable, quoique à notre avis mal entendu, la Prusse peut vouloir ne rien lâcher de ce qu’elle a une fois saisi.

La politique anglaise se garda bien de donner cette rive