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Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/214

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Du reste, dans le fatal remaniement de 1815, il n’y a pas eu d’autre idée que celle-là. Le surplus a été fait au hasard. Le congrès a songé à désorganiser la France, non à organiser l’Allemagne.

On a donné des peuples aux princes et des princes aux peuples, parfois sans regarder les voisinages, presque toujours sans consulter l’histoire, le passé, les nationalités, les amours-propres. Car les nations aussi ont leurs amours-propres, qu’elles écoutent souvent, disons-le à leur honneur, plus que leurs intérêts.

Un seul exemple, qui est éclatant, suffira pour indiquer de quelle manière s’est fait sous ce rapport le travail du congrès. Mayence est une ville illustre. Mayence, au neuvième siècle, était assez forte pour châtier son archevêque Hatto ; Mayence, au douzième siècle, était assez puissante pour défendre contre l’empereur et l’empire son archevêque Adalbert. Mayence, en 1225, a été le centre de la hanse rhénane et le nœud des cent villes. Elle a été la métropole des minnesaenger, c’est-à-dire de la poésie gothique ; elle a été le berceau de l’imprimerie, c’est-à-dire de la pensée moderne. Elle garde et montre encore la maison qu’ont habitée, de 1443 à 1450, Gutenberg, Jean Fust et Pierre Schaeffer, et qu’elle appelle par une magnifique et juste assimilation dreykonigshof, la maison des trois rois. Pendant huit cents ans, Mayence a été la capitale du premier des électorats germaniques ; pendant vingt ans, Mayence a été un des fronts de la France. Le congrès l’a donnée comme une bourgade, à un état de cinquième ordre, à la Hesse.