En ſecond lieu, la compagnie examinera les mœurs des pafteurs. On a dépoſé & interdit le ſieur Jean Veſſon, paſteur extraordinaire. Après avoir conſulté toutes les voix, tous d’un commun accord ont ſouſcrit à cette dépoſition pour avoir trouvé en lui beaucoup de fautes & crimes notables. Il a été condamné comme faiſant ſecte à part & pour cauſe de ſchiſme ſe ſéparant de la compagnie de ſes frères, ſans aucune cauſe légitime. En cela, la compagnie a ſuivi l’ordre de la diſcipline eccléſiaſtique des égliſes réformées de France, en l’article 47. Non-ſeulement a été dépoſé pour le ſchiſme, mais encore on a connu en lui un eſprit d’envie & de calomnie, tantôt appelant ſes frères des Caïn, tantôt des Cham, tantôt des Néron, tantôt des Judas, ainſi qu’il a été vu par une lettre qu’il avait donnée au public ſous ce titre de Rubert & de Benjamin où l’on voit que ces noms n’appartiennent qu’à un homme rempli de cruauté, d’envie, de vol & de trahiſon. Sur la même lettre, on a vu qu’il ſe ſervait de menſonge au ſujet d’un qu’il ſe ſait être envoyé pour prêcher en France de la part de Meſſieurs de Genève, ce que perſonne ne peut prouver ; auſſi dans la même lettre accuſe [t-il] ſes frères de lui avoir écrit des lettres d’ambition, lorſque ces mêmes lettres, en plein ſynode, ont été jugées lettres de charité. Il eſt cependant néceſſaire que le public ſoit averti qu’il n’a été dépoſé qu’après une première, une ſeconde, une troiſième admonition, & après avoir refuſé à de très-illuſtres fidèles & à ſes frères de ſe rendre au ſynode tenu aujourd’hui pour entendre la cenſure qui lui ſera faite. Ainſi la compagnie, tous par défaut, l’ont dépoſé & démis de ſa charge, juſqu’à ce qu’il donnera des marques d’une véritable repentance, & qu’il édifiera l’Egliſe par ſon retour, autant qu’il peut l’avoir ſcandalifée par ſa mauvaiſe conduite. Au cas que Dieu le touche & lui faſſe connaître ſon devoir, il ſera reçu & rétabli après avoir réparé ſa faute devant un colloque particulier qui ſera aſſemblé pour cela, compoſé de deux ou trois paſteurs, au nombre deſquels l’un ſera le modérateur
se consacrer au service des églises, et «dans ce dessein il l’avait pris avec lui et lui avait fourni toutes les lumières et tous les secours qui c’étaient en son pouvoir pour l’en rendre capable. Ce jeune homme se présenta dans un synode tenu le 7" février, c’est-à -dire quinze jours après la mort d’Arnaud, pour y être examiné et pour y être reçu au nombre de ceux qui prêchaient l’Evangile. Il fut agrégé, et ainsi il remplaça la perte que l’Eglise venait de faire par la mort d’Etienne Arnaud». — Mss. Court, n° 46.
