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Ainsi font, font, font
Les petites marionnettes ;
Ainsi font, font, font
Trois petits tours et puis s’en vont.



Que m’importe, après tout ? Je travaille, je lutte ;
Le peuple que je sers est mon robuste ami.
Ô modernes consuls, je ne suis point parmi
Vos sonneurs de buccin et vos joueurs de flûte !
Une femme au cœur fort s’incline sur mon front ;
Et notre enfant gazouille et nous fait des risettes.

Ainsi font, font, font
Les petites marionnettes ;
Ainsi font, font, font
Trois petits tours, et puis s’en vont.



Le jour où je mourrai, sans regret et sans haine,
Ayant conquis mon droit à l’éternel sommeil,
Vous tournerez mon front du côté du soleil,
Vous qui m’aurez connu dans la bataille humaine ;
Et je m’allongerai sous mon caveau de plomb,
Dans la sérénité des saintes choses faites.

Ainsi font, font, font
Les petites marionnettes ;
Ainsi font, font, font
Trois petits tours, et puis s’en vont.


FANCHETTE


 
Fanchette au bord de l’étang
M’apparut, toute seulette.
Je passais, j’étais content ;
Je lui dis : « Bonjour, fillette ! »
Vous en auriez fait autant !

Deux pinsons, se becquetant,
Volaient autour de sa tête.
Tout près du flot miroitant
Des fleurs se contaient fleurette :
Vous en auriez fait autant !