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vues des cordillères,

Il existe encore aujourd’hui, parmi les Indiens de Cholula, une autre tradition très-remarquable, d’après laquelle la grande pyramide n’auroit pas été destinée primitivement à servir au culte de Quetzalcoatl, Après mon retour en Europe, en examinant à Rome les manuscrits mexicains de la bibliothèque du Vatican, j’ai vu que cette même tradition se trouve consignée dans un manuscrit de Pedro de los Rios, religieux dominicain, qui, en 1566, copia sur les lieux toutes les peintures hiéroglyphiques qu’il put se procurer. « Avant la grande inondation (apachihuiliztli) qui eut lieu quatre mille huit ans après la création du monde, le pays d’Anahuac étoit habité par des géans (Tzocuillixeque) : tous ceux qui ne périrent pas furent transformés en poissons, à l’exception de sept qui se réfugièrent dans des cavernes. Lorsque les eaux se furent écoulées, un de ces géans, Xelhua, surnommé l’architecte, alla à Cholollan, où, en mémoire de la montagne Tlaloc, qui avoit servi d’asile à lui et à six de ses frères, il construisit une colline artificielle en forme de pyramide : il fit fabriquer les briques dans la province de Tlamanalco, au pied