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vues des cordillères,

l’écriture. Nous trouvons chez les Aztèques le germe des caractères phonétiques : ils savoient écrire des noms en réunissant quelques signes qui rappeloient des sons : cet artifice auroit pu les conduire à la belle découverte d’un syllabaire ; il auroit pu les porter à alphabétiser leurs hiéroglyphes simples ; mais que de siècles se seroient écoulés avant que ces peuples montagnards, qui tenoient à leurs habitudes avec cette opiniâtreté qui caractérise les Chinois, les Japonois et les Hindoux, se fussent élevés à la décomposition des mots, à l’analyse des sons, à l’invention d’un alphabet !

Malgré l’imperfection extrême de l’écriture hiéroglyphique des Mexicains, l’usage de leurs peintures remplaçoit assez bien le défaut de livres, de manuscrits et de caractères alphabétiques. Du temps de Montezuma, des milliers de personnes étoient occupées à peindre, soit en composant à neuf, soit en copiant des peintures qui existoient déjà. La facilité avec laquelle on fabriquait le papier, en se servant des feuilles de magney ou pite (agave), contribuait sans doute beaucoup à rendre si fréquent l’emploi de la peinture. Le roseau à papier (Cyperus papyrus) ne vient, dans