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et monumens de l’amérique.

de face. Tout ceci indique l’enfance de l’art ; mais il ne faut pas oublier que des peuples qui expriment leurs idées par des peintures, et qui sont forcés, par leur état social, de faire un usage fréquent de l’écriture hiéroglyphique mixte, attachent aussi peu d’importance à peindre correctement que les savans d’Europe à employer une belle écriture dans leurs manuscrits.

On ne sauroit nier que les peuples montagnards du Mexique appartiennent à une race d’hommes qui, semblable à plusieurs hordes tartares et mongoles, se plaît à imiter la forme des objets. Partout à la Nouvelle-Espagne, comme à Quito et au Pérou, on voit des Indiens qui savent peindre et sculpter ; ils parviennent à copier servilement tout ce qui s’offre à leur vue : ils ont appris, depuis l’arrivée des Européens, à donner de la correction à leurs contours ; mais rien n’annonce qu’ils soient pénétrés de ce sentiment du beau, sans lequel la peinture et la sculpture ne peuvent s’élever au-dessus des arts mécaniques. Sous ce rapport, et sous bien d’autres encore, les habitans du nouveau monde ressemblent à tous les peuples de l’Asie orientale.