Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
vues des cordillères,

On conçoit d’ailleurs comment l’usage fréquent de la peinture hiéroglyphique mixte devoit contribuer à gâter le goût d’une nation, en l’accoutumant à l’aspect des figures les plus hideuses, des formes les plus éloignées de la justesse des proportions. Pour indiquer un roi qui, telle ou telle année, a vaincu une nation voisine, l’Égyptien, dans la perfection de son écriture, rangeoit sur la même ligne un petit nombre d’hiéroglyphes isolés, qui exprimoient toute la série des idées qu’on vouloit rappeler, et ces caractères consistoient en grande partie en figures d’objets inanimés : le Mexicain, au contraire, pour résoudre le même problème, étoit obligé de peindre un groupe de deux personnes, un roi armé terrassant un guerrier qui porte les armes de la ville conquise. Or, pour faciliter l’emploi de ces peintures historiques, on commença bientôt à ne peindre que ce qui étoit absolument indispensable pour reconnaître les objets. Pourquoi donner des bras à une figure représentée dans une altitude dans laquelle elle n’en fait aucun usage ? De plus, les formes principales, celles par lesquelles on indiquoit une divinité, un