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et monumens de l’amérique.

temple, un sacrifice, dévoient être fixées de bonne heure. L’intelligence des peintures seroit devenue extrêmement difficile, si chaque artiste avoit pu varier à son gré la représentation des objets que l’on étoit obligé de désigner fréquemment. Il suit de là que la civilisation des Mexicains auroit pu augmenter beaucoup, sans qu’ils eussent été tentés d’abandonner les formes incorrectes dont on étoit convenu depuis des siècles. Un peuple montagnard et guerrier, robuste, mais d’une laideur extrême, d’après les principes de beauté des Européens, abruti par le despotisme, accoutumé aux cérémonies d’un culte sanguinaire, est déjà par lui-même peu disposé à s’élever à la culture des beaux arts : l’habitude de peindre au lieu d’écrire, l’aspect journalier de tant de figures hideuses et disproportionnées, l’obligation de conserver les mêmes formes sans jamais les altérer ; toutes ces circonstances dévoient contribuer à perpétuer le mauvais goût parmi les Mexicains.

C’est en vain que nous cherchons, sur le plateau de l’Asie centrale, ou plus au nord et à l’est, des peuples qui aient fait usage de cette