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et monumens de l’amérique.

« a donné des rois à un grand nombre de peuples. »

S’il étoit vrai, comme plusieurs savans l’ont supposé, que ces mêmes Toltèques, qu’une peste, jointe à une grande sécheresse, avoit chassés du plateau d’Anahuac vers le milieu du onzième siècle de notre ère, ont reparu dans l’Amérique méridionale comme fondateurs de l’empire des Incas, comment les Péruviens n’auroient-ils pas abandonné leurs quippus pour adopter l’écriture hiéroglyphique des Toltèques ? Presque à la même époque, au commencement du douzième siècle, un évêque grœnlandois avoit porté, non sur le continent de l’Amérique, mais à la Terre-Neuve (Vinland), des livres latins, les mêmes peut-être que les frères Zeni[1] y trouvèrent en 1080.

Nous ignorons si des tribus de race toltèque ont pénétré jusque dans l’hémisphère austral, non par les Cordillères de Quito et du Pérou, mais en suivant les plaines qui se prolongent à l’est des Andes, vers les rives du Marañon : un fait extrêmement curieux,

  1. Viaggio de’ fratelli Zeni (Venezia, 1808), p. 67.