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vues des cordillères,

et dont j’ai eu connaissance pendant mon séjour à Lima, porteront à le supposer. Le père Narcisse Gilbar, religieux franciscain, avantageusement connu par son courage et par son esprit de recherche, trouva, parmi les Indiens indépendans Panos, sur les rives de l’Ucayale, un peu au i^ord de l’embouchure du Sarayacu, des cahiers de peintures qui, par leur forme extérieure, ressembloient parfaitement à nos livres in-quarto : chaque feuillet avoit trois décimètres de long sur deux de large ; la couverture de ces cahiers étoit formée de plusieurs feuilles de palmiers collées ensemble, et d’un parenchyme très-épais : des morceaux de toile de coton, d’un tissu assez fin, représentoient autant de feuillets, qui étoient réunis par des fils de pite. Lorsque le père Gilbar arriva parmi les Panos, il trouva un vieillard assis au pied d’un palmier, et entouré de plusieurs jeunes gens auxquels il expliquait le contenu de ces livres. Les sauvages ne voulurent d’abord pas souffrir qu’un homme blanc s’approchât du vieillard : ils firent savoir au missionnaire, par l’intermède des Indiens de Manoa, les seuls qui entendoient la langue des Panos,