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Page:Humboldt - Vues des Cordillères, 1816, tome 1.djvu/280

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et monumens de l’amérique.

breuse du temple : là, les prêtres séparent la fille et le père ; un tumulte se fait entendre dans le sanctuaire ; le malheureux roi ne distingue pas les gémissemens de sa fille expirante ; on met un encensoir dans sa main ; et, quelques momens après, on lui ordonne d’allumer le copal. À la pâle lueur de la flamme qui s’élève, il reconnaît son enfant attaché à un poteau, la poitrine ensanglantée, sans mouvement et sans vie : le désespoir le prive de l’usage de ses sens pour le reste de ses jours ; il ne peut se venger, et le Colhues n’osent pas se mesurer avec un peuple qui se fait craindre par de tels excès de barbarie. La fille immolée est placée parmi les divinités aztèques, sous le nom de Teteionan[1], mère des dieux, ou Tocitzin, notre grand’mère, déesse qu’il ne faut pas confondre ave Ève, ou la femme au serpent y appelée Tonantzin.

Dans l’ancien continent, partout où nous trouvons les traces de sacrifices humains, leur origine se perd dans la nuit des temps. L’histoire des Mexicains, au contraire, nous

  1. Clavigiro, Tom. I, p. 166, 168, 172 ; Tom. II, p. 22.