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et monumens de l’amérique.

statues de l’île de Pâques, jusqu’aux monumens du temple mexicain de Mitla ; et depuis les idoles informes que renfermoit ce temple, jusqu’aux chefs-d’œuvres du ciseau de Praxitèle et de Lysippe !

Ne nous nous étonnons pas de la grossièreté du style et de l’incorrection des contours dans les ouvrages des peuples de l’Amérique. Séparés peut-être de bonne heure du reste du genre humain, errans dans un pays où l’homme a dû lutter long-temps contre une nature sauvage et toujours agitée, ces peuples, livrés à eux-mêmes, n’ont pu se développer qu’avec lenteur. L’est de l’Asie, l’occident et le nord de l’Europe, nous offrent les mêmes phénomènes. En les indiquant, je n’entreprendrai pas de prononcer sur les causes secrètes par lesquelles le germe des beaux arts ne s’est développé que sur une très-petite partie du globe. Combien de nations de l’ancien continent ont vécu sous un climat analogue à celui de la Grèce, entourées de tout ce qui peut émouvoir l’imagination, sans s’élever au sentiment de la beauté des formes, sentiment qui n’a présidé aux arts que là où ils ont été fécondés par le génie des Grecs !