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et monumens de l’amérique.

veulent pas se fier à l’adresse d’un carguero, et qui ne sont pas assez robustes pour faire à pied le chemin de Santa-Fe de Antioquia à la Boca de Nares, ou au Rio Samana, doivent renoncer à sortir de ce pays. J’ai connu un habitant de cette province dont l’embonpoint étoit énorme : il n’avoit rencontré que deux métis capables de le porter, et il eût été impossible de retourner chez lui, si ces deux cargueros fussent morts pendant qu’il se trouvoit sur les rives de la Madeleine, à Mompox ou à Honda. Le nombre des jeunes gens qui font le métier de bêtes de somme au Choco, à Ibague et à Medellin, est si grand, que l’on en rencontre quelquefois des files de cinquante ou soixante. Lorsqu’on forma, il y a quelques années, le projet de rendre praticable, pour des mulets, le chemin de montagnes qui mène du village de Nares à Antioquia, les cargueros réclamèrent formellement contre l’amélioration des routes, et le gouvernement eut la foiblesse de céder à leurs réclamations. Il est utile de rappeler ici que les mines du Mexique offrent aussi une classe d’hommes qui n’ont d’autre occupation que celle d’en porter d’autres sur leur