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vues des cordillères,

animaux célestes des Chinois, des Tibétains et des Tartares, cette multiplicité de signes est probablement due à un mélange de plusieurs nations qui ont été subjuguées les unes par les autres. Les effets de ce mélange, ceux de l’influence exercée par les vainqueurs sur les peuples vaincus, se manifestent surtout dans la partie nord-est de l’Asie, dont les langues, malgré le grand nombre de racines mogoles et tartares qu’elles renferment, différent si essentiellement[1] entre elles, qu’elles semblent se refuser à toute classification méthodique. À mesure que l’on s’éloigne du Tibet et de l’Hindoustan, on voit s’évanouir le type uniforme des institutions civiles, celui des connoissances et du culte. Or, si les hordes de la Sibérie orientale, chez lesquelles les dogmes du Bouddhisme ont évidemment pénétré, paroissent cependant ne tenir que par de foibles liens aux peuples civilisés de l’Asie australe, pourrions-nous être surpris que, dans le nouveau continent, auprès de quelques traits d’analogie dans les traditions, dans la chronologie et le style des monumens, on

  1. Abelung, Mithridates, Tom. II, p. 533 et 560.